Première vraie surprise de l’été, Destination finale détonne dans le paysage consensuel des blockbusters estivaux. Encore une fois, ne pas se fier à l’affiche : une brochette de tronches adolescentes dans la même posture que celle de Souviens-toi l’été dernier 1 et 2. Ce thriller réjouissant n’a en effet qu’une chose en commun avec les opus précités : l’âge de ses héros.
Pourtant, tout commence comme un teenage movie de plus. Un groupe d’élèves s’apprête à prendre l’avion direction la France pour un séjour culturel chapeauté par ses professeurs. Si l’on retrouve, dès le début, les stéréotypes inhérents à ce genre de film -le sportif populaire et sa pom-pom girl, la rebelle gothique un brin artiste, les puceaux lorgnant sur les canons de l’école…-, Destination finale abandonne très vite l’étape de la caractérisation des personnages pour passer ex abrupto à l’action. Le jeune Alex, qui fait partie du voyage, est soudain pris d’une vision fulgurante : l’explosion de l’avion dans lequel il doit embarquer. Il sème la panique et provoque une bagarre entre les étudiants. Expulsé de l’engin avec six autres de ses camarades, il assiste à la concrétisation de sa prédiction. Une course-poursuite s’engage alors entre les rescapés et la mort, contrariée dans son dessein.
Mise en œuvre par l’un des meilleurs réalisateurs de la série X files, James Wong, cette histoire devient entre les mains de ce dernier, un délire mélangeant de sanguinolents climax à un subtil sens de la dérision qui égayait déjà certains épisodes des aventures de Scully et Mulder. Si le crash de l’avion est particulièrement impressionnant -âmes sensibles s’abstenir sous peine de s’astreindre au train-, les scènes où la mort tente de récupérer une à une ses victimes constituent de singuliers moments où l’ironie prend souvent le pas sur le suspens. A chaque personnage, son trépas, toujours inattendu et agencé avec beaucoup d’ingéniosité. La réussite du film tient beaucoup à la composition de ces séquences où l’on ne parvient jamais à deviner la cause de l’issue fatale. Plongés dans un environnement familier, la cuisine, la salle de bain, ou la rue du quartier en plein jour, les héros doivent faire face à un ennemi abstrait et invisible : leur destin. A charge pour eux de déjouer ses plans… Doté d’un parfait timing, Destination finale pourrait n’être qu’un honorable thriller mais c’est sans compter les facéties de James Wong qui a la bonne idée de ne pas prendre son film trop au sérieux. Il en résulte un divertissement aussi malin qu’efficace.