In love pourrait se résumer en une phrase : Al (Freddie Prinze Jr.) et Imogen (Julia Stiles) tombent amoureux l’un de l’autre, mais après une période idyllique, la lassitude se fait sentir dans le couple. Voilà tout. Les variations ne sont pas particulièrement originales (Imogen a des velléités d’artiste-peintre et le père d’Al est une sorte de Maïté au masculin), les propositions de cinéma ne se bousculent pas au portillon et le film ne s’intéresse pas aux extrêmes pour remédier à la crise de ses tourtereaux -on n’est pas dans Lunes de fiel, les gars.
Alors, pourquoi prend-on du plaisir à la vision de In love ? C’est dans cette question que réside tout le mystère des comédies pour teenagers américains. Car le même film tourné par des Français nous paraîtrait vite niais, insupportable, voire odieux. Ici, il n’en est rien, et l’on se dit que l’on resterait bien des heures devant les aventures d’Al et Imogen, des heures que l’on passerait à écouter leurs discours rassurants, à se fondre dans leur univers discrètement bourgeois, à suivre leur existence en forme de conte de fées. C’est ce qui s’appelle de la régression. Mais les recettes n’en sont pas évidentes et reposent en partie sur une adhérence du public à certains éléments récurrents permettant une reconnaissance immédiate du produit. Exemple le plus frappant : la star du film. Ici, Freddie Prinze Jr., déjà vu dans les mémorables Elle est trop bien et Souviens-toi l’été dernier 1 et 2. Ce type-là n’a rien d’exceptionnel : beau mais dénué d’un véritable charisme, jeu limité, vie privée sans scandale apparent. Pourtant, c’est une joie renouvelée de le retrouver d’un film à l’autre, comme si sa carrière formait une histoire à part entière, comme si son succès dépendait uniquement de son image, de sa stricte présence, voire de son seul nom en haut d’un générique. Un genre d’icône, mais version fade. Là encore, l’attrait demeure difficile à expliquer, et l’on ne peut que constater l’incroyable don qu’ont les Américains pour nous rendre accros à des corps, même aseptisés. En attendant l’impossible cure de désintox’, on guette fébrilement le prochain épisode…