Les mauvais auteurs de courts et moyens métrages français contemporains se scindent en deux camps bien distincts. D’un côté, les faiseurs, petits malins en quête d’une reconnaissance immédiate à laquelle ils espèrent accéder par le biais de films coups de poing, avec moult effets de style, rythme frénétique, séquences chocs et chute rigolote, pour que ce con de spectateur se dise « oh la la, puissant le mec ! » Evidemment, ce sont les pires, et on sait ce que cela donne une fois passés au long -exemple le plus frappant : Jan Kounen, auteur du redoutable Doberman. Aux antipodes de ces frimeurs sur pellicule, les futurs « auteurs à la française » qui, eux, misent plutôt sur l’ambiance, la psychologie plombante, les silences édifiants, bref, sur les vraies valeurs du cinéma national comme on ne l’aime pas. Christophe Lamotte, vous l’aurez compris, est de ceux-là.
Dans Un Possible amour, il y a avant tout un personnage de femme, travaillé comme il faut, miné par un background vrai de vrai (Fabienne vient de purger une peine de quatre ans de prison pour meurtre), une créature ni belle ni laide et, cela va de soi, mal dans sa vie. Jusqu’à ce qu’elle rencontre André, avec qui elle se marie. C’est alors que surgit l’élément perturbateur en la personne de Jacques, le frère d’André, déserteur de guerre, pour lequel Fabienne va -peut-être ?- éprouver une attirance, d’où le titre. Quoi qu’il en soit, tout le monde se fout des états d’âme de l’ex-taularde, tant le réalisateur s’y prend mal pour nous la rendre attachante (une seule directive dans la direction d’acteurs : faire la gueule). Heureusement, il reste notre maman et notre putain eustachiennes au générique, les géniales Bernadette Lafont et Françoise Lebrun. Mêmes sans personnages à défendre, les deux comédiennes insufflent un peu de talent, voire de vie, dans cet essai creux et sinistre.