28 jours en sursis fait partie de ces films où presque rien n’est à sauver : interprètes principaux pitoyables, scénario déjà vu et réalisation maladroite. Seuls les seconds rôles apportent un peu d’originalité à ce produit totalement insipide : Steve Buscemi en ex-alcoolo reconverti éducateur ou Azura Skye en jeune fille désaxée. Sandra Bullock, quant à elle, est ridicule : titubante, le regard dans le vague, elle donne de l’alcoolisme une vision ultraréductrice et vraiment pas crédible. Il faut dire qu’elle n’est pas aidée par la réalisatrice, Betty Thomas, qui filme ces séquences en caméra subjective mouvante, sur-signifiant l’état comateux dans lequel est censée se trouver l’héroïne.
Le film, retraçant une thérapie de groupe dans un centre de désintox, ne nous épargne aucun cliché. Les scènes attendues se succèdent les unes après les autres : flash-back sur une enfance malheureuse, sœur aînée qui se repent de n’avoir pas protégé sa cadette, copain sympathique qui tente d’embrasser l’héroïne, copine toxico qui fait une overdose… La scénariste d’Erin Brockovitch, Susannah Grant, a visiblement été victime d’une très intense baisse de régime. Seul petit moment de relatif délire dans cet égrenage de poncifs : la parodie d’un show télévisé intitulé Santa Cruz (lui-même parodie de séries du style Santa Barbara ou Les Feux de l’amour, etc.) par les pensionnaires du centre. Mais là où Nurse Betty de Neil Labute, présenté au dernier Festival de Cannes, réussissait à recréer un univers décalé entre réalité et fiction, 28 jours en sursis reste au niveau de la pochade.
Alors si, malgré tout, vous tenez absolument à voir le film, optez pour le jeu des paris entre amis pour deviner quelle sera la scène suivante. Vous serez de plus en totale harmonie avec les personnages du film qui, eux, jouent à un petit exercice similaire : quand un nouveau arrive dans le centre, ils essaient de deviner s’il est accro à l’alcool, à l’héroïne, à la cocaïne… Passionnant, non ?