C’est l’éternelle histoire de l’affection entre l’enfant solitaire et l’animal doux. Philippe Muyl reprend ce couple moteur de la fiction pour les plus jeunes, et livre un petit film -héritier des Crin blanc, Belle et Sébastien, L’Etalon noir-, reprenant sans chercher l’originalité le canevas habituel qui a fait ses preuves auprès des moins de douze ans. Le point de départ est on ne peut plus classique : le petit Lucas vit en Bretagne avec son jeune père éleveur. Il s’éprend de Maéva, une génisse qui, comme lui, a coûté la vie à sa mère en venant au monde. Survient un cas de vache folle dans le troupeau, qui doit être abattu sur-le-champ (sans jeu de mots), au grand désarroi du père et du fils. Ils kidnappent Maéva, et décident de faire le trajet jusqu’à Paris pour solliciter -ni plus ni moins- une grâce présidentielle.
Dommage que Philippe Muyl ait autant limité son sujet, et s’en tienne à faire rire ou à émouvoir les tout jeunes. C’est une suite de gags sans grande saveur, où la vache n’a finalement qu’un rôle de figurante. Les situations les plus attendues sont avancées mollement et sans grande fantaisie (la vache dans le jardin de l’Elysée, la vache dans une rame de métro, etc.). Seul l’épisode dans un « squatt » indien à Paris parvient à faire (sou)rire, sinon, c’est un déluge de bons sentiments, de schémas plaqués sans qu’on puisse soupçonner la moindre sincérité chez le réalisateur, qui se contente d’une petite tape amicale sur le crâne de ses jeunes spectateurs. Il aurait sans doute fallu plus d’innocence de sa part pour les faire rêver. « Tout vit et tout mérite d’être aimé », lance l’enfant au responsable des abattoirs, heureusement très compréhensif. Comme fin mot de l’histoire, c’est le minimum syndical. On ne niera pas l’efficacité d’un tel film sur le public visé, et on peut louer les efforts pour introduire une certaine actualité dans le contexte. Mais celle-ci est un peu contradictoire vue l’invraisemblance et l’inconsistance de l’histoire. Dans la fiction animalière récente, Babe, le cochon devenu berger était tout de même autrement plus astucieux et inventif, ce qui le rendait d’ailleurs visible par tous. On déplore que La Vache et le président ait mal assimilé la leçon, et qu’il reste interdit aux plus de 12 ans non accompagnés.