Die Meistersinger von Nürnberg, Lohengrin, Parsifal, Tristan und Isolde.
The Philadelphia orchestra, Christian Thielemann.
On voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et Christian Thielemann pour qui il n’est pas : « in a great tradition », tente de nous faire croire le packaging spécial centenaire de la DG… voyez à qui on pense ? Sur ce coup-là, il faut dire quand même que la marque jaune avait, dès le premier disque, complètement lâché les élastiques -et, accessoirement, son jeune poulain, dans un programme Beethoven (5e et 7e !) qu’elle a depuis belle lurette en boutique par le fils Kleiber (ad-mi-rable, et à tout petit prix) et… Furtwängler, puisque c’est lui, probablement, qu’il s’agit d’invoquer ici. Les majors pourront se plaindre, après, des chutes toujours plus vertigineuses de leurs ventes : y aura-t-il quelqu’un dans le studio (et, en l’occurrence, à Hambourg) pour convenir de l’extrême indigence du propos de pareils disques, avec tout le respect que l’on doit à M. Thielemann ? Hier, chez Ludwig van B., comme aujourd’hui dans ces pages multi-enregistrées de Wagner -tout juste pourra-t-on dire que, de ce qu’on a entendu du chef autoproclamé star, est-ce là le « moins mauvais » de tout…
En fait, on retrouve ici quelques-uns des défauts récurrents -et rédhibitoires- de nombre d’enregistrements modernes : du beau son, et encore du beau son (mais avec le Philadelphia, il faudrait vraiment être manche pour n’en pas obtenir !), du bien pesé, bien calibré, au détriment de toute théâtralité. Ni élan (Meistersinger, Lohengrin), ni ferveur (Tristan), mais presque partout de l’emphase et du bavardage : le pire qui puisse arriver à cette musique ! On gardera peut-être Parsifal, mais la vie et le talent sont définitivement ailleurs : chez Furt, cela va de soi (EMI), mais aussi -et surtout ?- chez Reiner (RCA) et Mravinsky (Russian Disc et Erato), visionnaires, dévastateurs,… musiciens.
« Il est important de connaître ses limites et de réaliser que certains morceaux nécessitent qu’on attende encore », avoue, dans le livret -et dans un éclair de lucidité- Christian Thielemann. On ne lui fait pas dire…
Stéphane Grant