Comment confronter l’art africain et océanien à la création contemporaine ? Voilà un débat passionnant. Quel contemporain peut se vanter d’être totalement hermétique à cet héritage tribal ? Plus d’une exposition a tenté une réponse. Toutes ont apporté leur pierre à l’édifice, Les Premiers les derniers du centre Wallonie-Bruxelles aussi, à sa façon. Dans ce petit lieu, les œuvres ont été tassées. Alors pour prendre du recul ce n’est pas évident, surtout au regard de la sélection d’œuvres : du grand, du petit, du coloré et du foncé. Avec, en guise de repères, des mots au ras du sol : la mort, matière, animalités… Invitation à réfléchir, à éprouver, tout semble artificiel ou peu accessible.
Remettons le tout dans son contexte : des amateurs (fortunés) prêtent leurs collections d’art contemporain et d’art « premier » et on retombe dans les poncifs. Ca en devient vraiment burlesque : une Marilyn Monroe sérigraphiée ou une toile sortie du métro new-yorkais. Petit indice : Warhol, Harring, j’oubliais Basquiat. On se croit à Beaubourg qui est juste en face. A ça s’ajoutent les artistes belges qui font pâle figure, hormis le superbe Marble floor 66 (un parterre de charcuterie) de Wim Delvoye. Les PAP de Marc Guillaume sont bon à tapisser les… Je me retiens. Face à ça, la terre de Sienne, le métal rouillé d’une Afrique lointaine et sauvage avec ses objets insolites : la pipe rituelle en forme de main -Chokwe, un chasse-mouches- Yombe, et les incontournables masques Dogons (de petits formats et mal mis en valeur). Tout ça a bien du mal à exister et à vous parler dans ce placard à exposer écrasé par la « contemporanéité ».
Bref essai ambitieux et casse-gueule, parfois il vaut mieux s’abstenir. N’en déplaise : à laisser aux grands musées qui ont la carrure de le faire.