Deux Cigales pleines (et ce, dès l’annonce des concerts) n’auront sûrement pas suffi à contenir les fidèles venus communier avec la petite Anglaise de Yeovil. Elle arrive aux alentours de 21h00, silhouette menue en bustier et longue jupe étroite rouge, entourée de son groupe de classieux virtuoses. Derrière elle, défilent des projections de fleurs tandis que Polly Jean chante Catherine, première des femmes évoquées au cours de la soirée. Tout comme ses musiciens qui échangent sans cesse leurs instruments, PJ prend sa guitare ou son tambourin au gré des morceaux et tisse sa toile -mi-araignée, mi-peintre- aux nuances riches et intenses. Rock agressif et incisif, qui s’achève en crépitements de tonnerre, détours par le gothique hanté et les sonorités distordues (The wind, My beautiful Leah), moments de beauté pure comme ce Is this is desire ? baigné de lumière bleutée glaciale, souligné d’un tapis de clochettes, les ambiances changent à vue, sans laisser de répit aux spectateurs recueillis. Les possibilités du registre vocal de PJ semblent illimitées, elle utilise d’ailleurs sa voix mieux que jamais, passant des aigus presque insupportables et douloureux, aux sons les plus graves, sans qu’elle paraisse fournir un quelconque effort. En à peine plus d’une heure, rappel compris (The sky lit up chanté dans une urgence à la limite de la frénésie), Polly Jean aura revisité un présent et un passé constellés de joyaux musicaux, emmenant à sa suite des fans hypnotisés, prêts à tout pour pénétrer dans cet univers qu’elle protège jalousement et dont elle ne laisse entrevoir qu’une partie infime. Et déjà tellement fascinante.
P.J. Harvey
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