Nouvelle occasion de découvrir les possibilités titanesques du très intéressant label anglais, cette seconde partie du défilé Satellite Records présentait un éventail de ses dernières signatures. Ces nouveaux groupes, tous plus étranges et inattendus les uns que les autres, ont offert au public trois heures de prestation impressionnantes -allant de l’expérimentation électronique binaire de Bell, au free jazz à la fois bruitiste et atmosphérique de Sand, en passant par le post-rock ambigu de Karamasov… Comme lors du premier épisode du 8 juillet, nous avons eu droit ce soir à trois intéressantes découvertes, à surveiller de très près…
Assez discrets -voire timides-, les deux teenagers de Bell (dernier arrivant en date, n’ayant pas encore sorti d’album sur le label) se sont imposés, sans dire un seul mot, en libérant subitement les sons intenses contenus dans leur installation midi complexe. Aux commandes de cette impressionnante armée de machines électroniques en tous genres, les deux Anglais se sont lancés une heure durant dans un jeu de synchronisation de boucles étranges. Sur fond de vidéo-projection de dessins animés bouclés et d’images proches des sombres films de Stan Brackhage, Bell a créé un imposant magma de sons synthétiques alliant synthés saturés, rythmiques terriblement syncopées et voix samplées déformées à l’harmoniseur… Avec leur musique robotique, ce duo « néo-kraftwerkien » (allant jusqu’à faire référence à Computer world dans un de leurs morceaux) a réussi à hypnotiser son public à coups de sons abrutissants et de coléreuses attaques cérébrales…
Avec leurs allures beaucoup plus conventionnelles -c’est-à-dire une formation basse, guitare, batterie, synthé-, les quatre membres de Karamasov ont ensuite donné un aperçu live de leur premier album On arrival. Et à l’exception d’un ou deux morceaux légèrement pénibles (par exemple leur soporifique version de Sun always shines in space), cette formation anglo-allemande nous a ouvert son immense palette de couleurs sonores, afin de nous offrir un concert impulsif et passionnant. Les compositions principalement instrumentales du groupe -malheureusement trop peu abouties sur leur album- ont été libérées par les quatre musiciens se plongeant dans de longues et fougueuses improvisations. N’hésitant pas à mêler les sons très agressifs aux mélodies douces et lancinantes, voire à ajouter occasionnellement un violoncelle sur des compositions bruitistes, comme sur leur exceptionnelle version de Fengan Nemo, Karamasov fut bien plus fascinant sur scène que sur un On arrival laissant l’auditeur sur sa faim.
Pour terminer cette présentation de ces nouveaux groupes, le label Satellite Records nous a gardé le meilleur pour la fin : Sand. Ce quintette explosif alliant trombone, guitare, contrebasse, moogs et batterie nous a donné à voir une prestation tout simplement hallucinante. Jouant à la fois sur les nappes de sons atmosphériques et les montées progressives de sons saturés, Sand réussit à mélanger thèmes de jazz, guitare bruitiste déchaînée et sons électroniques sans jamais tomber dans le mauvais goût. Et pour parvenir à un résultat scénique aussi fantastique qu’indescriptible. Les cinq musiciens se sont physiquement offerts au public pendant ce concert durant lequel chacune des compositions du groupe fut revisitée dans d’interminables versions, toutes plus jouissives les unes que les autres… A la fois sur scène et sur disque (2 maxis sortis chez Satellite), Sand est clairement le groupe le plus prometteur parmi tous les nouveaux arrivants du label… Il ne nous reste donc plus qu’à guetter l’album, dont la sortie est prévue pour le 14 septembre.