Traditionnellement réservée à la pop et au rock indépendants, la Route du Rock s’est, enfin, ouverte à d’autres styles de musiques -techno, dub,… Pour le meilleur parfois, souvent pour le pire, hélas. !
Il a fallu énormément de talent aux groupes classiques pour tirer leur épingle du jeu musical de cette nouvelle édition de la Route du rock. Et du talent, Geneva en a à revendre : set impeccable pour ces Ecossais qui ont réussi à captiver le public avec des morceaux pops majestueux, soutenus par le sans faute vocal du chanteur. Difficile ensuite d’être ému par les prestations sans âme, des Boo Radleys, de Eels, de Swell (sous valium ?) ou de Dinosaur jr. Idem pour tous ces petits groupes qui peuvent percer, mais qui n’ont vraiment rien inventé : Magoo, Travis et Linoleum.
Alors on n’hésite pas à se tourner vers les groupes français, comme Louise Attaque : bel exploit que de rentrer en scène en deuxième position et d’apparaître à la fin du set comme le groupe le plus attachant et le plus dynamique du festival. Bien plus en tout cas qu’Autour De Lucie et, surtout, que Melville. Groupe attendu et déjà décevant, sous-Noir Désir qui ne décolle jamais. Passons donc aux choses sérieuses, et à un groupe vraiment talentueux : Gus-Gus : des Islandais déjantés avec les grimaces euphoriques de la toute jeune Hafdis, le robot Magnus Jonsson ou les DJ en maillot de bain. S’ils peuvent se permettre ce pétage de plomb, c’est bien grâce à leur professionnalisme et à une maîtrise irréprochable des instruments et des platines. Leur pop-groove électronique n’aura souffert que d’une grave erreur de programmation : ils méritaient la tête d’affiche et un horaire mieux approprié à leurs jeux de lumières.
Par contre, on oubliera vite les opportunistes : les suiveurs de Sneaker Pimps, qui se sont contentés du minimum syndical, alors qu’ils se disent « moins sérieux que les groupes de Bristol« . Plus ennuyeux ; les démagos de Fun-Da-Mental : c’est cool de cracher sur le racisme, mais ça ne suffit pas, la violence de leur musique a fait fuir la moitié du fort ! On leur préfère la « jungle-punk » de Asian Dub Foundation, aux explosions musicales combatives et stimulantes et à l’indignation politique sincère. Enfin, mention de la meilleure poilade du week-end pour Isabel Monteiro, chanteuse de Drugstore, inimitable rigolote dont on attend avec impatience le futur duo avec Thom Yorke, de Radiohead.
Stéphane Buron