Des poses, rien que des poses. Au menu de Mamirolle : de l’hystérie, des agonies extatiques, un amour impossible et quelques autres ingrédients censés représenter l’essence de l’adolescent contemporain. Delphine est malheureuse parce que sa mère lui a caché ses chaussures super destroy mais qui en jettent. En espérant les récupérer chez le cordonnier du coin, elle croise Manu et ses cheveux longs qui lui rappellent à coup sûr ceux de José, l’un des mémorables héros d’Hélène et les garçons. Forcément, elle tombe amoureuse ; mais Manu, lui, il prend ses distances parce qu’il en a plus pour longtemps à cause de son cancer. Alors, Delphine fugue pour se livrer corps et âme à sa passion…
Jamais Brigitte Coscas ne parvient à donner chair à ses héros, personnages en quête d’auteur figés dans les artifices du récit. La mise en scène ne semble être ici qu’une affaire de caméra survoltée, en perpétuel mouvement, comme s’il était possible de compenser la faiblesse des enjeux par une énergie fabriquée, fondée sur le plus médiocre des théorèmes filmiques (désordre sentimental = instabilité de l’objectif). Du coup, rien n’est lisible ni regardé, pas même les visages des comédiens, submergés et oubliés par le fatras d’images proposé. Pourtant, Lou Doillon ne lésine pas sur les gueulantes et les hurlements pour se faire remarquer. Dans le registre de la mini-pétasse en plein délire, il sera désormais difficile de faire mieux, et l’on espère que la demoiselle se sera pris quelques bonnes claques qui l’auront calmée d’ici son prochain rôle. Quant à Sylvain Jacques (échappé de chez Chéreau : Ceux qui m’aiment prendront le train), il fait son possible pour demeurer crédible, ce qui relève de l’exploit étant donné les circonstances (reprenons dans l’ordre : une histoire régressive, une réalisation aberrante, un chien enragé en guise de partenaire). Bref, ce n’est pas avec ce film que Mamirolle, petit village du haut Doubs, fera exploser son potentiel touristique.