Passé un exil volontaire de plusieurs années, provoqué par le décès de son frère et celui de son mari, Patti Smith assura, il y a deux ans, son retour via la scène et l’album Gone Again. De nouveau, la vie semblait sourire à l’artiste américaine, pour l’occasion accompagnée d’un groupe composé d’amis, et parmi eux de Tom Verlaine.
Retour en arrière ; aux années de bohème ; à l’urgence et à l’énergie brute des premiers disques enregistrés, et de l’écriture, en parallèle, des premiers poèmes, tout aussi électriques. Ce sont ces derniers que nous proposent aujourd’hui l’éditeur Jean-Hubert Gailliot et son traducteur Jean-Paul Mourlon. Des poèmes qu’elle pourrait déclamer comme elle le fait souvent sur scène -ceux de Jim Morrison par exemple-, avec cette capacité à l’incantation qui n’appartient qu’à elle. Ce jeu émotionnel est présent dans ce recueil. Entre références et clins d’œil aux poètes de la Beat Generation (en premier lieu Allen Ginsberg), mais aussi aux poètes français (voir son émouvant et macabre hommage à Rimbaud, rimbaud mort), elle dessine les contours de sa destinée (événements intimes se fondent à l’évocation d’autres icônes, dont Jeanne d’Arc). Son écriture est fulgurance. Parfois heurtée, souvent rageuse. Le désir y tient une place centrale. Il anime chaque ligne, comme si il ne pouvait faire silence en elle. Des pages brûlantes (avec quelques éclats de voix intempestifs) à lire de toute urgence.
Patti Smith – Corps de plane (écrits 1970-79)
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