Tony Montana, jeune réfugié cubain, décide de concrétiser l' »American dream », mais à sa manière : par le sang et la coke. C’est à Miami qu’il y parviendra, aidé en cela par son compère Manny Ribera (Steven Bauer). Au sommet de sa gloire, Tony a conquis tous les artefacts de la réussite : une femme séduisante (Elvira, interprétée par Michelle Pfeiffer), de l’argent, le pouvoir. Mais vient ensuite l’heure du déclin…
Remake du film homonyme d’Howard Hawks (1932), Scarface avait été complètement dénaturé dans sa version française télévisée. Cet opéra sanglant et baroque, composé avec démesure par le jeu excessif d’Al Pacino, ressort heureusement en salles dans sa version originale. De Palma, par la structure scénaristique de son film (presque identique à celle de Hawks), rend hommage à ce dernier (le film lui est dédicacé, ainsi qu’au scénariste Ben Hecht). Mais en fait, il brasse, derrière ce voile, un vaste ensemble de références cinématographiques. La scène de la douche, par exemple. Empruntée à Psychose d’Hitchcock, elle est ici revisitée à la tronçonneuse. Quant à la séquence finale, elle reprend à la fois une fusillade à la manière du Raoul Walsh de L’Enfer est à lui, et le traitement baroque et sanguinolent de la violence d’un Sam Peckinpah.
L’impact de Scarface perdure encore aujourd’hui grâce à sa peinture d’un monde excessif dans lequel chaque individu est sa propre caricature, et où tout n’est que violence, pouvoir, drogue, et sexe. De Palma avait donc frappé très fort en faisant glisser le genre « film de gangster » vers une sauvagerie féroce.