Marc Petit a lu ses classiques. Mais il ne se contente pas de reprendre la logique du conte philosophique -si cher aux philosophes du XVIIIe siècle -sans agrémenter son récit de son univers personnel et de sa langue riche et colorée. Il ne manque ni d’imagination, ni de générosité. La Compagnie des Indes est un tout. C’est une histoire bien incroyable. On y retrouve des clins- d’œil à nos grands romans de la littérature française et anglo-saxonne. Les bijoux indiscrets de Diderot, L’île au trésor de Stevenson, Les Mémoires de Casanova, jaillissent du fond de notre imaginaire. Mais le héros de Marc Petit, Flodoard de Monadnock, a son passé, sa propre histoire et des désirs singuliers. Il a aussi son originalité : il est né sans reflet. Lorsqu’enfant il se met sur la pointe des pieds pour atteindre le grand miroir du salon familial et qu’il ne lui manque que quelques centimètres pour admirer son joli minois, il ne se doute pas encore de ce qui l’attend. Un jour, pourtant, le voilà assez grand pour apercevoir le bout de son nez : quelle n’est pas sa stupeur de ne rien voir d’autre qu’une pièce étonnamment vide. Flodoard doit se faire une raison, il ne verra jamais son visage. Cette particularité est d’abord vécue par lui comme une infirmité, jusqu’au jour où, la maturité aidant, il prend conscience de l’avantage qu’il peut en tirer et entreprend un long voyage…
L’écriture est fluide, l’intrigue est riche en rebondissements et les images se bousculent dans notre tête. Nous n’avons pas le temps de souffler. Nous traversons des océans en direction des Indes et autres contrées lointaines. Nous parcourons toutes sortes de paysages luxuriants et fantasmagoriques et nous suivons Flodoard dans des aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Un voyage hallucinant que l’on aimerait poursuivre plus longtemps.
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