Quelques aquarelles composées avec une rare finesse, hautes en couleurs et campant des personnages empêtrés dans leur quotidien ; des légendes faites pour rire, taillées dans le diamant, voilà résumé ce Grand tourbillon de la vie (un titre piqué à la belle Jeanne ?). Morceau choisi : « Et soudain, l’horrible vérité m’est apparue : en vieillissant, on ne devient pas vieux et sage ; en vieillissant, on devient vieux. » Et le reste est dans la même lignée : tranches de vie croquées sur le vif. Le trait est celui du moraliste -en définitive, une sorte de synthèse entre le génial Sempé, et les non moins géniaux (et toutes proportions gardées) La Bruyère et Cioran, mâtiné d’esprit du Grand Siècle. Avec une férocité courant à chaque page, mais avec l’air de ne pas y toucher, Voutch aligne la modernité dans tout ce qu’elle a de plus insupportable (ses portables, le terrorisme de la psychanalyse, le terrorisme ovarien des exécutives women, etc.). C’est un régal de voir à quel point tout ce qui est considéré par nos contemporains comme signe de puissance se révèle -car tourné en ridicule- être un signe de faiblesse sociale, voire mentale. A moins d’être totalement lobotomisés (ce qui est toujours possible), ceux qui liront cet ouvrage, et qui s’y reconnaîtront, risquent de ne pas s’en remettre. Non non plus, mais pour d’autres raisons : crampe à l’estomac, gorge serrée par des larmes de rire… Reste un regret : soixante-huit pages (pour 98 francs), c’est trop peu.
Voutch – Le Grand tourbillon de la vie
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