Tiens, au fait, comment va Jean ? Jean ? Ben, ça va pas trop mal, un peu débordé par Eugène, le gamin de Félix ; et son manuscrit piétine carrément. Toujours célibataire ? Là, pourrait y avoir du changement, et bien sûr Cathy est dans le coup ! Mais c’est quoi cette histoire de gourmette ? Oups, excusez-nous, vous ne connaissez peut-être pas Jean, enfin Monsieur Jean ! C’est un type plutôt sympa, le genre trentenaire citadin qui se la joue pas trop. Plutôt doué pour la vie, alors il se la coule douce. D’ailleurs, je suis sûr que tout ce qui lui arrive et lui passe par la tête, c’est dans ses bouquins : le restau japonais, les sirènes, tout ça. Un peu comme Philippe et Charles dans leurs BD. Qui ça? Ben Dupuy et Berberian !?! Qu’est-ce qu’ils deviennent ces deux-là ?
Ça faisait quelques temps qu’ils nous avaient pas donné de nouvelles de Monsieur Jean, et là ils s’y sont remis. Mais cette fois c’est une grande histoire d’un seul tenant, pas des petits récits genre tranches-de-vie, et c’est peut-être moins sympa, moins touchant que d’habitude. Le dessin aussi a changé, il est maintenant plus épais, les courbes sont moins tendues qu’avant, presque avachies. Les couleurs sont plus sombres aussi. Ils ont même redessiné la quatrième de couverture. Du coup, on y retrouve pas vraiment la sublime élégance des recueils précédents.
Cela dit, pas de lézard, ni de lapin, ça reste très sympa. Comme pour nous tenir au courant de ce qu’ils ont fait pendant ces quatre ans, on retrouve en écho les Montparnos auxquels ils ont consacré une expo à la galerie Médicis intitulée Nectar. Et puis ils ont voyagé. Ils nous offrent maintenant des vues de New York, comme dans leur carnet de croquis paru chez Cornelius. Il y a toujours chez Dupuy et Berberian, comme chez leurs copains d’ailleurs, ce côté artiste et modèle qui les rend si attachant. On a presque l’impression de les connaître. Mais on se demande encore pourquoi La Table d’ébène est introuvable en librairie.
Pascal Salamito