Cinq clients d’un même hôtel se retrouvent soudainement projetés dans un monde inconnu, ARQ. Face à cette étrange adversité, ils tentent tant bien que mal, ensemble, de faire front. Mais le sort en décide autrement. Les voici séparés, et chacun de son côté va découvrir un aspect de cet univers tout en devant composer avec son propre passé. C’est ainsi qu’Andréas lance ses personnages à l’aventure dans le premier tome de cette nouvelle série. Malheureusement, c’est aussi par ce biais qu’il déçoit son lecteur en lui délivrant trop peu d’informations sur les protagonistes. Les silhouettes restent un peu trop floues. En fait, cela ressemble plus à un prologue qu’à un véritable premier épisode.
Cependant, Andréas n’a rien perdu de sa principale qualité : une grande maîtrise des découpages sophistiqués qui, lorsqu’ils ne sont pas gratuits, renforcent efficacement l’étrangeté du récit. Ainsi, les premières planches terrestres sont composées de quatre strips à lire en parallèle. Elles se rejoignent en une seule et même case sur toute la hauteur de la planche. Le 9e Art a des possibilités qui lui sont propres. Il ne faut pas se priver d’en user, mais sans en abuser, comme toutes les bonnes choses. A ce propos, le recours au changement brusque de décor, juste au détour d’une page et cinq fois dans un album de 46 planches, n’est-ce pas un peu beaucoup ?
En fin de compte, cet album, dont la lecture n’a rien de désagréable, est d’une certaine manière assez représentatif de ce que l’on pourrait appeler « le système Delcourt », qui a recours à des graphistes de talent, mais privilégiant l’esbroufe visuelle au détriment de l’efficacité purement narrative.
Pascal Salamito