Bien loin du Barbe-Rouge de Charlier et Hubinon, Petrus Barbygère n’a rien du récit de flibuste de papa. Ici, Reddy Scarlett, pirate sanguinaire, retient prisonnier dans ses cales des elfes et des fées. Quant à Petrus, dont le physique est assez éloigné de celui d’Errol Flynn, il navigue non pas à bord d’un vaisseau fantôme, mais du vaisseau fantôme, celui de Wagner, dont l’équipage est composé exclusivement d’êtres féeriques aux noms de philosophes.
Les Monty Python sont passés par là. Et ils ne sont pas les seuls, tant les clins-d’œil aperçus dans l’album sont nombreux et variés, de saint Augustin à Terence Fischer. Mêlant grivoiserie poétique et fantastique lovecraftien, le récit n’y perd rien. Quant à la mise en scène de Joan Sfar, qui privilégie les éclairages aux décors fouillés, elle confère encore un petit plus de magie à cette superbe fantaisie. Entrez dans l’univers de ces deux acolytes, car au niveau du spectacle, c’est autre chose que Les Pirates des caraïbes.
Pascal Salamito