Les vieilles canailles sont de retour, et cette fois-ci, ce sont davantage les génitrices qui sont à l’honneur. Amerigo vient de casser sa pipe et les langues ne tardent pas à se délier. La traditionnelle collation de l’après enterrement donne l’occasion à Caterina et à Carmela de s’expliquer et d’exiger que certains fassent des révélations. James Ricci, le neveu d’Amerigo et le fils de Carmela, n’en perd pas une miette. Il est à la fois fasciné par les frasques de cette famille et effrayé par les récits fleuves qui ne cessent de mettre en lumière la parfaite crapulerie de ses aïeux. Ça l’arrange, lui qui souhaite écrire dans ses détails les plus sordides une saga des Centobucchi intitulée les Spaghetti brothers. Il a besoin de connaître les intrigues de la famille et cette quête de la vérité n’est pas de tout repos. Chacun a une version différente et le grand jeu semble consister à cacher toujours un détail pour brouiller les pistes. Les secrets de famille sont bien gardés. Il semble qu’un accord tacite entre eux ait été passé. Cette fois-ci, c’est Tony qui est sur la sellette. Il doit avouer sa paternité à son soi-disant neveu Filomeno. C’est facile à dire… De ce premier « non-aveu » découle une cascade de souvenirs plus inavouables les uns que les autres. James commence à en savoir un peu plus sur le passé de sa mère et sur son soudain repentir…
Toujours dans le même esprit cynique et noir, Trillo et Mandrafina poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Mandrafina nous étonne toujours par sa capacité à saisir les expressions du visage et ainsi à donner une épaisseur psychologique à ses personnages. Le fantasme s’immisce dans l’histoire comme l’oubli fait partie intégrante du souvenir. Néanmoins, on regrette un peu le charisme d’Amerigo, surtout la malice et l’humour de ses récits. Ce nouvel épisode joue moins sur le suspens. La part de hasard et les caprices du narrateur dans le premier tome tenaient le lecteur en haleine. Quelque part, les langues se délient un peu trop vite. On ne voit pas encore qui va hériter de la méchanceté et de l’habileté de ce patriarche sans compassion. Mais peut-être fallait-il boucler la boucle avant de s’attaquer à la nouvelle génération ? Si la série continue, souhaitons que quelques neveux et nièces deviennent plus machiavéliques, ou que d’autres fassent leur entrée, sinon les Centobucchi ne feront plus honneur à leur réputation.