On peut ne pas goûter le genre « psycho-socio-cul-rigolo », mais en faisant un minimum d’effort objectif, force est d’admettre que Ralf König est parvenu à s’y imposer au même titre que Bretecher ou Binet en France, mais en plus allemand et plus homo. En « mariant » deux gays quadragénaires à la personnalité totalement opposée (l’un amateur de musique classique et de beaux-arts, l’autre plus proche du chromo techno-loveparade-sexe à tout va), König en profite pour brasser tous les travers de ses camarades avec une (parfois) savoureuse méchanceté, de quoi faire dresser les cheveux sur la tête de la grosse Boutin -je pense plus particulièrement à l’épisode du « pilon de poulet »…
C’est souvent drôle, bien vu, mais ça ne vole pas plus haut que ça, même lorsque Conrad et Paul se mettent à avoir des bouffées métaphysiques (la vie, la mort, les poppers, tout ça…)… Bref, le genre de BD qui s’écorne et qui perd ses pages assez rapidement pour cause de colle défectueuse et de lectures répétées dans les toilettes. Pour les férus de culture gay, on conseillera plutôt l’œuvre de Fabrice Neaud (Journal), nettement moins déconnante -c’est un euphémisme- mais d’une tout autre envergure. Quant aux amateurs de philosophie à la petite semaine, qu’ils relisent l’intégrale de Calvin et Hobbes -qui ne sont pas gays, eux, ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit- et apprécient le savoir-faire ricain dans le domaine du comic-strip.