C’est une manifestation très complète à laquelle nous convie Daniel Soutif -commissaire de l’exposition- niant les frontières des arts et des époques. Musique, cinéma, livre, sciences, créations artistiques du néolithique à nos jours donnent au propos toute sa densité et demande donc, au visiteur, d’y consacrer suffisamment de temps… L’exposition se divise en douze parties comme les heures divisent le jour. La nuit ouvre, d’ailleurs, l’exposition pour se dissiper peu à peu jusqu’à l’éblouissement d’Il Sole de Luciano Fabbro, en fin de parcours. Tel le cycle d’une journée, on part de l’ombre vers la lumière, tout comme on va, durant une vie, de l’ignorance à la connaissance. Car la scénographie, très travaillée, de François Confino -déjà remarqué, il y a quelques années, pour l’exposition Ciné-Cité à la Défense- transforme l’exposition en une véritable expérience personnelle. Le parcours à lui seul rappelle, d’ailleurs, à quel point temps et espace sont liés : labyrinthique, il fait perdre ses repères au visiteur déjà absorbé par les pièces présentées et désorienté par la pénombre. De cette impression d’un cheminement sans fin naît le sentiment d’un temps extensible.
La notion de temps paraît disséquée tout au long du parcours qui n’aborde pourtant que des thèmes extrêmement tangibles : le temps mesuré par les cycles célestes, le temps capturé par montres, calendriers ou langages et celui subjectif en chacun de nous, le temps consacré au travail et son négatif porté vers les loisirs, l’instantanéité vers laquelle nous mène les progrès techniques, le passé archivé et l’avenir incertain, présenté comme une feuille blanche.
L’exposition comprend de nombreuses créations originales sans pour autant donner l’exclusivité à l’art contemporain. La clepsydre égyptienne du Ier siècle avant notre ère, ouvrant l’exposition, l’indique clairement. Ainsi le propos est ponctué d’instruments de mesure du temps des XVe et XVIe siècles, de vanités du XVIIe ou de calendriers antiques. Le temps, notion universelle et intemporelle, est abordé avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. Quel plaisir de retrouver Beaubourg dans de telles conditions !
NB : « Le Temps, vite » ne se résume pas à une exposition, tous les départements du Centre Pompidou -l’Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique/musique), le Cinéma, les Spectacles vivants et les Revues parlées- proposent un programme de concerts, conférences, spectacles et films autour du temps