L’artiste est jeune, à peine 27 ans, et n’a encore réalisé que peu d’œuvres, d’autant que leur conception reste pour lui un long cheminement et qu’un seul projet à la fois occupe son esprit. Un point important dans la réalisation des travaux de Giuseppe Gabellone reste le repérage des lieux dans lesquels il installera ses sculptures. Bon nombre d’entre elles, en effet, ne vont exister que dans un endroit unique. Avec la volonté de tout contrôler, l’artiste oblige le spectateur à n’avoir qu’une seule image de son travail. Il le met en scène, ne proposant qu’un seul angle de vue, un seul éclairage. Ces œuvres ne sont visibles qu’à travers une unique photographie. A moins que la photographie soit œuvre, elle aussi ? Car une fois inscrites sur les grands formats de papier sensible, les sculptures cessent d’exister, détruites par leur créateur.
Beaucoup de mystères entourent ces créations dont le sens se déroule comme une bobine de fil lorsque l’on en a trouvé le bout. Mais toute tentative d’explication se trouve bien souvent rejetée, tant par l’artiste -qui se replie dans le mutisme- que par son œuvre. Il semble pourtant difficile de croire que de telles sculptures ne puissent pas être source de commentaires.
Avec onze œuvres, le Fonds régional d’Art contemporain de Limoges présente la quasi-totalité du travail de Giuseppe Gabellone. Pour la plupart, chacune occupe seule une alvéole du long couloir de cette ancienne coopérative aux murs massifs. Cet isolement leur est bénéfique : le discours de ces sculptures ne s’entend qu’avec beaucoup de calme tant intérieur qu’extérieur. Sans une réelle volonté de la part du spectateur, l’œuvre paraît effectivement peu intelligible. Il faut s’investir dans le travail de Gabellone, sans cela, il reste muet lui aussi.