Concevoir l’art comme objet de contemplation susceptible de réconfort. Si la création artistique s’est éloignée de ses fonctions religieuses, elle n’en demeure pas moins, pour un certain nombre d’artistes, dotée d’un pouvoir de guérison pour l’âme et le corps. Que Matisse ou Fernand Léger croient en ces fonctions thérapeutiques, il est aisé de le constater : le premier apporte le repos à tout spectateur par l’harmonie de ses toiles, et le second a conçu la décoration de l’hôpital Saint-Lô, s’appuyant sur les vertus bienfaitrices de la couleur. Cet art qui panse les blessures, c’est aussi celui de Joseph Beuys, d’Antoni Tàpies ou de Lygia Clark qui pourtant nous heurte parfois.
C’est que la contemplation n’apparaît pas toujours comme le seul moyen de guérir, il y a l’acte de création qu’il faut bien souvent prendre en compte. Beaucoup de travaux exposés ne s’entendent qu’en envisageant l’action qui a permis sa réalisation ; que ce soit chaque œuvre de Beuys qui n’a de sens que pris dans l’univers presque mythologique de l’artiste ou l’intervention Paravent, en 1997, de Marie-Ange Guilleminot dont il ne peut y avoir présenté au public que des témoignages : maquette, photographies, etc.
Ces œuvres demandent donc, au spectateur, de ne pas rester passif. En l’invitant à réfléchir sur leur élaboration, elles l’aident peut-être, s’il élargit le champ de sa réflexion, à envisager la création contemporaine autrement que comme une plaie béante dans l’histoire de l’art.
Et pour mieux panser leurs blessures, les esprits réticents peuvent s’inscrire au colloque organisé les 24 et 25 septembre 1999 avec le centre Hospitalier d’Antibes (qui accueille d’ailleurs une partie de l’exposition).