Dur dur d’être célèbre, ou comment une jeune fille, hockeyeuse sur glace, devient du jour au lendemain top model. Denys Arcand, le réalisateur canadien de Jésus de Montréal et du Déclin de l’empire américain, nous sert ici un thème archi-rebattu sous la forme d’une satire auto-complaisante des médias. En utilisant les mêmes instruments que ceux de la télévision, caméra à l’épaule en vision subjective, le film nous amuse un quart d’heure (ce qui serait peut-être suffisant pour parler de la gloire) mais fatigue le reste du temps.
Car ce qui manque au film, c’est une ironie, un second degré autrement plus jouissif. La répétition et l’accumulation de scènes, censées faire sens, finissent surtout par faire entrer le film dans un système privé de tout effet de surprise auquel le spectateur adhère par principe. Ainsi, rien ne vient perturber le confort de nos certitudes bien-pensantes. Que Tina, la jeune mannequin, découvre l’amour avec le photographe qui l’a révélée (un Charles Berling en roue libre), que ses conquêtes suivantes la révèlent plutôt gérontophile ou encore qu’elle pète les plombs dans une chambre d’hôtel, tout semble travaillé par un recyclage ni habile ni malin des clichés les plus éculés qui courent sur le monde du showbiz. Et si parfois les choses prennent un tour plus grotesque (une scène de ménage devenant un incident diplomatique), le délire retombe aussi vite qu’il est monté. On pense souvent à The Second Civil War pour cette volonté trop évidente de tirer sur une cible quelque peu facile, mais le film de Joe Dante embrassait plus large et n’avait pas les prétentions post-modernistes auteurisantes de Stardom. Le pire c’est que Denys Arcand n’assume pas son point de vue jusqu’au bout. Délaissant soudain la fureur esthétique, il conclut par un happy end moralisateur en forme de boutade antithétique au reste du film. Il en ressort la désagréable impression pour le spectateur d’avoir vécu tout ça pour ça.