Soucieux des digestions délicates des gamers, les éditeurs ont eu la géniale idée d’espacer l’arrivée des dindes fraîchement reposées sur le marché. Après la resucée version police montée d’Urban chaos, Julie, la pouliche de Take Two, débarque avec la ferme intention de détrôner la reine attitrée du moment : miss Croft.
Heavy metal F.A.K.K. 2 reste cependant dans la tradition des grandes recettes qui font le plaisir des petits et grands. Dans un monde lointain (Eden), bonheur et silicone coulent à flot. Les gens sont heureux, sourient à gogo et passent leur temps à jardiner ou manger de l’autochtone grillé, sorte de pokémon transgénique. Or, un demi-dieu a décidé de jouer les trouble-fête et envoie quelques-uns de ses amis pour conquérir le joyeux pays. Oui mais voilà : Zena la guerrière du coin est aujourd’hui de très mauvaise humeur, et bien déterminée à envoyer tout ce beau monde ad patres nostres. Ses mensurations sont comme par hasard gargantuesques, et son passé mythique comme de bien entendu fait d’elle le rempart attitré.
Rien de neuf niveau gameplay. La quête se départage entre énigmes jouant sur intellect, précision dans les gestes et séances de massacres en masse de tout alien un tant soit peu belliqueux. Noèl oblige, les concepteurs n’ont pas lésiné sur les attributs du jeu. Les sous-entendus sexuels sont grassement appuyés, tandis que les explosions et autres éboulements ont raison de la tenue bon marché de Barbie la guerrière. Certes, la gestion des armes offre de nombreuses possibilités de combinaisons, mais au final, le résultat est identique.
Reste que la réalisation graphique est une réussite totale. A des années-lumière des cubes mal dégrossis et des placages de textures à la va-vite, l’emploi du moteur de Quake III, dans une version poétique, rend tactile le monde d’Eden. Quelques minutes à peine suffisent à plonger le joueur dans un univers qui se rapproche d’une expérience de réalité virtuelle. L’atmosphère évolue au fil du temps, les personnages secondaires vaquent à leurs occupations s’arrêtant parfois pour entamer une amicale discussion. L’effleurement automnal des pissenlits extraterrestres diffuse dans un vol éthéré et silencieux leurs spores inoffensives, tandis que l’explosion de moustiques géants se solde habituellement par une projection de peinture verte des plus avant-gardistes. Touche ultime : les cinématiques ponctuent agréablement l’action, et, sans tomber dans la lourdeur ou la répétition, enchaînent le joueur à la narration.
Hélas, une écriture si poussée a parfois tendance à scléroser le gameplay et à s’orienter davantage vers un parcours de santé linéaire que vers une réelle exploration. Sortir des sentiers battus n’est malheureusement pas possible dans Heavy metal F.A.K.K. 2, le joueur étant contraint de passer d’une étape à l’autre, sans déroger à la règle. Au final, on reste un peu sur sa fin : c’est très beau mais un peu trop court pour ne pas être frustrant.