La promo 99 des diplômés des Beaux-Arts avec félicitations du jury est un bon cru. La qualité est homogène. Des ex-élèves de 25 à 30 ans qui ont, pour la grande majorité d’entre eux, déjà exposé, ici ou là. Du « métier » donc, la petite graine de folie manquant toutefois à ce bel ensemble. Mais bon, tout le monde a travaillé pour l’avoir ce diplôme (sur 106 présentés, 100 l’ont obtenu, et 26 l’ont eu avec félicitations du jury, seuls ces derniers sont exposés aux Beaux-Arts).
Le réel est passé au crible. Analyses conceptuelles ou présentations d’actes de la vie en société sont bien sûr au rendez-vous : l’habillage et le déshabillage, l’inventaire systématique d’actes de la vie courante ou des rêves faits la nuit, la nudité, la critique politique, les relations sociales, la musique… Alors que la photo est à la mode depuis quelques années, elle est ici presque absente. Erreur. Car sa rivale historique, la peinture, en est gorgée. Une vue peinte d’un bateau à quai avec des containers, scène banale mais néo-richterienne de Raphaël Renaud, possède un lien interactif avec la photographie. Plus intéressants et aussi en relation théorico-charnelle avec le médium photo, les jeux de perspectives de Duncan Atherstone Wylie.
Passons sur l’installation multimédia de Patrick Bernier qui met en scène l’Internet et autres chats et web cams. Il fallait bien ça à l’ère des start-up, mais, une fois encore, la technologie impose ses lois : l’œuvre fonctionne seulement à une heure précise. Une technique, qui semble presque archaïque, possède, elle, plus d’impact visuel : les images cadencées techno d’Alexandre Fernandes Sinde, projetées sur un mur à travers l’espace de la grande cage d’escalier, captent naturellement l’attention. Puissantes et troubles, ces mosaïques d’images font malheureusement de l’ombre à la « sculpture cage » en métal, élégante comme un saule pleureur d’Anne Claverie (qui aurait mérité d’être mieux exposée). Tout en lumière, les peintures de Niv Rav-Hon ont quelque chose de vraiment spécial. On n’est pas surpris d’apprendre que, pour lui, sa démarche est d’ordre cosmique et que ses créations « décrivent la beauté mythique du chemin spirituel ». Enfin, le prix Gras Savoye de la jeune création a été décernée à l’Anglaise Rebecca Young qui travaille sur le mécanisme de la perception visuelle de la lumière naturelle : étonnante Camera obscura (voir reproduction ci-dessus) que l’on vous laisse découvrir. Pour avoir une vision plus éclectique et complète sur ce que la jeune génération des Beaux-Arts de Paris pense et fait aujourd’hui, on vous conseille de consulter (voire d’acheter) le catalogue qui présente le travail de tous les diplômés.