Fondation Dina Vierny et Musée Maillol
Les grandes plaques de couleur, comme les peintres les ont faites après Vincent et Gauguin, animent les toiles de Félix Vallotton. Il appartient à son époque. D’ailleurs, notre préféré, c’est le petit tableau de Grenoble, tellement « Matisse » : la femme nue dans un fauteuil rouge, assise de biais, sol vert et mur bleu, plinthes noires et cadre accroché au mur.L’impression qui se dégage de ces tableaux, c’est que Vallotton peint toujours le même visage, le même corps. La même femme. Elle a l’air de s’excuser d’être devant nous dévoilée. Elle nous dit qu’elle ne voulait pas, mais qu’il fallait bien, au bout du compte… Elle nous dérange, bien entendu. On imagine avec ces personnages un dialogue à la Sarraute. Et c’est délicieux.
On distingue également de l’ennui, de la tristesse.. Les regards se font pesants, les poses sont repliées, recroquevillées. Presque prostrées, comme ce nu de dos, agenouillé, tête et bras contre le fauteuil rouge, les nombreux nus allongés, de dos, sur la grève uniforme ou sur le canapé. C’est à une lecture de la fadeur, de la chair triste que nous invite le peintre. D’ailleurs, comme pour nous éclairer, le dernier portrait de la salle du rez-de-chaussée, c’est l’autoportrait de l’artiste. Une moitié de son visage est grise. Le peintre est morose, il regarde la mort. Ces corps nus n’évoquent pas tant le désir, l’abandon, que la résignation. Ces femmes potelées, apetissantes, « à la Maillol », ont une indéniable dimension tragique. Les flétrissures de l’âge les guettent, elles le sentent, elles s’y font.
Vallotton a saisi ce mystère des corps qui capturent la relation de nos vies à l’âme. Cette habitude qui imprègne notre chair et que notre esprit refuse de voir. Nos corps sont plus malins qu’il n’y paraît !
Musée Maillol
Jusqu’au 10 mars 1998
De 11h à 18h sauf les mardi et jours fériés
Entrées à 40F et 26F.
59-61 rue de Grenelle, Paris 7e
M° Rue du Bac