Le Musée des arts et traditions populaires présente, dans le cadre du Printemps du Québec en France, une étonnante exposition intitulée France-Québec, images et mirages. Organisée de concert avec le Musée de la civilisation (Québec) et la Réunion des musées nationaux (France), et incarnant le dialogue complice entre les deux pays, l’exposition se poursuivra tout naturellement à Québec, de mars 2000 à janvier 2001.
En découvrant le Québec en 1534, Jacques Cartier scellait des liens pour plusieurs siècles entre deux contrées, chacune située à un bout du monde. L’enthousiasme convainc des milliers de Français, issus pour les trois-quarts d’entre eux de l’Ouest de la France, de la Normandie et de la région parisienne, de quitter une vie difficile sur le vieux continent pour tenter la grande aventure. Il a fallu faire avec le climat et ceux qu’on nomme jusqu’en 1650 les « Canadiens » -autrement dit les autochtones ; il a fallu surmonter des désillusions, des malentendus et des admirations réciproques, pour qu’au fil des siècles, la colonie s’émancipe de ses tutelles, se fabrique une histoire et devienne Québec. De nos jours encore, les stéréotypes ont la vie dure : le couple « béret-baguette » nargue encore le bûcheron à la chemise à carreaux ; et la parenté ancienne entre les deux contrées a bien du mal à distinguer le petit du grand cousin.
De la paire de bottes des premiers colons au mannequin de cire du général de Gaulle, l’exposition est riche et précise, chronologique et clairement présentée. On déplore toutefois une musique d’ambiance tristounette et nullement indispensable qui, plus qu’au frétillement intellectuel, appelle à la torpeur. La seconde partie de l’exposition qui mise sur une interactivité ingénieusement mise en place par Luc Courchesne fait vite oublier ce bémol. Articulée autour des thèmes de « la langue », des « ponts culturels » et de « l’imaginaire », elle propose cinq portraits vidéo de québécois connus, tels que Robert Charlebois ou la romancière Denise Bombardier, mais aussi de parfaits inconnus, qui répondent en pied et sur panneaux de verre à des questions mises à la disposition du visiteur sur écran digital.