Evelyn Waugh n’est pas manichéen. Tout juste anglais. Il sait simplement que la terre se compose de justes et de méchants à qui il réserve un sort variable suivant ses romans (il éprouve souvent de la tendresse et du mépris pour ses personnages). Hommes en armes ne déroge pas à cette règle, ni à celle qu’il s’est très tôt fixée, c’est-à-dire écrire une œuvre majeure chaque fois qu’il décidait d’éditer un livre (Officiers et Gentlemen appartient aussi à cette catégorie. Il sera réédité les mois prochain dans la même collection). Mais reprenons. Lorsqu’il ne tue pas ses héros, ceux-ci sombrent dans la folie ou l’alcoolisme. Parfois, on les comprend. Prenez ces Hommes en armes : une civilisation leur tombe sur le coin de la gueule, avec sa morale bafouée, ses codes de l’honneur pas mieux préservés. Alors, quelques âmes tendres, sans ambition, s’élèvent contre les voix imbéciles, les femmes, les puissants… Ca se passe durant la guerre, au sein de l’armée et de la société anglaise.
Evelyn Waugh, c’est manifeste, participe de cette tradition des écrivains sachant faire rire. Si ce n’est pas rien, ce n’est pas tout non plus. Prenons pour preuve ses maximes sur la brièveté des sujets de Sa Majesté, c’est-à-dire, au fond, de tous les hommes. Voilà sans doute pourquoi sa réputation -des années après sa mort- n’est pas encore faite en France. Ou peut-être parce qu’on songe à une femme en prononçant son prénom. Ce qui serait fâcheux. Et regrettable.
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