Passionnante histoire que celle de ces clandestins (Karakosov, Bakounine, Netchaïev, et plus tard, au tournant des années 1878-1879, Savinkov, ou l’incroyable Asev, qui maintint un double jeu à l’égard de ses camarades et de la police du Tsar tout au long de ses activités), personnages ayant lancé les premières actions terroristes d’envergure en Russie depuis le milieu des années dix-huit cents. Et où les femmes n’étaient pas absentes (et souvent parmi les plus virulentes et les plus exposées au danger).
« Etre chef d’État devint, pendant la Belle Epoque, si paisible, si stable, des grands bourgeois, une profession extrêmement dangereuse ». Voilà exprimé clairement par Hans Magnus Enzensberger la peur (et donc, en retour, la répression qui commençait à s’organiser) gagnant les gouvernants d’un certain nombre de nations européennes.
La Russie tsariste fut ce laboratoire, ultra-violent, du feu qui déboucha sur la déstabilisation de l’empire. Les sociétés secrètes s’y organisaient en des réseaux « difficilement » neutralisables et souvent aidés par la population.
Renseigné sur ses méthodes, ses motivations (la libération du peuple opprimé), Hans Magnus Enzensberger dresse l’inventaire des faits et analyse avec pertinence les actions terroristes de ces « rêveurs de l’absolu » (Marx) qui ne cherchaient à frapper qu’une seule tête, épargnant -si possible- les personnes innocentes. Un demi-siècle avant les journées d’Octobre, la révolution était déjà en marche…