En ces temps de disette ludique, Eidos lance aux appétits voraces et préformatés des chalands son dernier amuse-gueule, avant le retour saisonnier de la Bimbo de Noël. Orienté action pure et dure, Urban Chaos met en scène D’Arci Stern et évite, pour une fois, de trop copier les effets qui ont forgé le succès de Lara Croft. La petite sœur n’a pas eu la chance d’appartenir à la noblesse anglaise et c’est donc dans les rues d’Union City, ville futuriste et envahie par le mal, que la donzelle endosse l’uniforme de la fonction publique. Pas de château somptueux, de salle de remise en forme au décor luxueux et confiné, ni de laquais serviable. Les diverses phases d’entraînement se déroulent au milieu de rues jonchées de détritus sous les ordres agressifs d’un instructeur bedonnant. Le dépaysement n’est donc pas au rendez-vous.
L’amateur de beaux panoramas entre Grand Nord, Egypte et Venise sera déçu : les pérégrinations de la belle rappellent davantage les décors pré-apocalyptiques de Strange Days que la dernière brochure de l’agence de voyages la plus proche. Dans une telle situation, D’Arci Stern se révèle nettement plus nerveuse que sa consœur. Le manque d’air pur a eu raison de ses réflexes et c’est avec de grands mouvements brusques et saccadés que la jeune femme progresse dans la jungle urbaine. Ce n’est d’ailleurs pas la multitude d’exercices qui viendront corriger ce défaut majeur. Malgré une configuration des touches proche de Tomb Raider, la jouabilité, dans certains cas, est des plus ardues. Il n’est malheureusement pas rare qu’au cours d’une manœuvre délicate et silencieuse, l’héroïne décide de se jeter à la plus grande surprise du joueur vers une mort certaine. Cet excès de stress a pour mérite de libérer une panoplie de coups variés au possible qui s’intègre parfaitement au gameplay.
Ici, peu d’énigmes viennent obstruer le chemin de la jeune policière et nul besoin de s’escrimer à chercher pendant des heures une clé en plaqué or pour ouvrir une énième porte. Des ordres de mission clairs et concis dressent la trame de l’histoire, vite pigée. Même si parfois des incidents s’y entremêlent et ajoutent un regain d’intérêt au scénario. Autre bonne nouvelle : la ville d’Union City offre un espace à explorer d’une densité incroyable. Chaque élément du décor, chaque personnage secondaire interagissent avec leur milieu respectif, accentuant l’impression de vie et de liberté du joueur.
Cependant, l’action tourne rapidement au catalogue exhaustif des attributions de la fonction publique. Entre sauvetage du dernier suicidaire de la journée et arrestation de « Suzy la camée qui suce », la répétition des tâches se calque sur le schématisme des cinématiques pour représenter la laideur et la médiocrité d’un monde en perdition. Outre la difficulté à manier au doigt et à l’œil les mouvements de l’héroïne, la gestion des caméras lors des phases de combat achève les bonnes intentions du joueur. Dépité devant les graphismes ternes et la bande-son inexistante, le joueur ose alors espérer que le Père Noël, conscient de sa gentillesse et de sa bonne foi, lui apportera tout de même les nouvelles aventures exotiques de sa Lara préférée.