C’est avec une drôlerie sans équivalent dans nos contrées que Andrea G. Pinketts, italien entré en littérature voilà vingt ans, s’est attelé à cette fiction. Fan de San Antonio, il a su tirer le meilleur de cette lecture : comment mener une intrigue sans lasser le lecteur, le sens de l’ellipse, etc. Cela ne serait rien sans son talent de la mise en scène. Et ses idées, farfelues pour la plupart, pour faire aboutir l’enquête portant la disparition de l’affreuse Nicky. Portraits croisés, digressions sur l’état de nos sociétés et énigmes s’entrecroisent en une forme de synthèse improbable -et miraculeuse- où l’esprit règne en maître.
L’intérêt de ces tribulations débute dès les premières pages. Chose plus rare, il se prolonge jusqu’à la dernière. Ce n’est pas rien. Les phrases sont comme des incises tracées avec de petites lames effilées. A la réflexion, voilà un moyen sûr de dresser le bilan d’une génération trentenaire, revenue d’à peu près tout, et pour qui le temps -elle est définitivement sortie de l’Histoire- n’a aucune prise. Les écrivains se méfient de la littérature. Pas Andrea G. Pinketts. Ce bon sens devrait avoir meilleure presse.