Les tournois du Grand Chelem ne sont pas encore repartis qu’arrive sur nos écrans télévisuels une nouveauté tennistique d’un autre genre, plus ludique et quasiment aussi réel : Virtua tennis. La déclinaison française de ce qui fut outre-Atlantique (USA et Japon compris) une révélation assez marquante dans le petit monde de la simulation sportive sur console s’installe benoîtement dans le paysage morose de la plate-forme Dreamcast. Le jeu de tennis était devenu une rareté et il avait fallu attendre cet été pour voir le genre revenir au goût du jour avec l’infâme Roland Garros 2000, brouillon bâclé signé Cryo et sorti à la va-vite à l’occasion du tournoi du même nom. Avec ses graphismes 3D tout en polygones, son habillage sonore des plus pauvres, une liste de joueurs factices (absence de licence oblige) et sa jouabilité enfantine, le jeu PC avait atteint une durée de vie minimale, entre quinze jours et un mois, selon l’assiduité du joueur.
Avec Virtua tennis, la console s’arme d’un nouveau renfort de qualité pour sa logithèque. Dans la grande lignée des meilleurs jeux de sport sur console (NBA 2000, NHL, etc.), l’hyperréalisme des joueurs est la première étape marquante dans l’émerveillement du joueur. Si les faciès sont une copie certifiée conforme des sportifs évoqués (Kafelnikov et Moya en tête), l’étonnement ne va que croissant avec la découverte de mouvements fluides, de déplacements difficiles mais beaux et de coups fidèles aux canons du genre. Pour parler dans un langage after-match estampillé France Télévision, on « retrouve ses sensations au fil des échanges ». Bref, le réel tel qu’il est, à la mode pixel.
Les agréments du jeu ne s’arrêtent pas à un travail graphique de haute volée. Divisé en trois grands axes (Arcade, Exhibition et Carrière), Virtua tennis permet de multiplier les heures de jeu et d’augmenter sa durée de vie de façon notable. Le mode Exhibition propose neuf joueurs (de Pioline à Courier) sur cinq circuits différents, en simple ou double. La possibilité de jouer jusqu’à quatre renforce un côté ludique déjà bien développé. Le mode Carrière apporte quant à lui des fonctionnalités inhérentes au genre du jeu, avec des entraînements thématiques (le fameux mur, un bowling-tennis plutôt décalé, un jeu de billard en terre battue). Plus le joueur « rookie » gagne, plus il débloque de nouveaux adversaires pour le mode Exhibition et plus il pourra voyager à travers les dix terrains mondiaux qui s’offrent à lui. Le but étant, comme d’habitude, d’arriver au top du classement mondial.
Seules ombres au tableau verdoyant de Virtua tennis : une bande-son étouffante et une uniformisation des surfaces de jeu ennuyeuse qui nuit à la diversité. Une BO, justement, en décalage total avec l’esprit old-school du tennis conservateur auquel on était habitué : la guitare rock en boucle d’un clone de Joe Satriani en mal de reconnaissance publique. Le mix des applaudissements du public et des frappes de balle avec la bouillie électrique de l’habillage sonore n’est pas du meilleur goût, mais qu’importe tant la maniabilité et le réalisme du jeu contrebalancent toute velléité critique de mauvaise fois. Oui, le jeu de sport sur console n’est pas mort. Non, Virtua tennis n’est pas une resucée ennuyeuse de Roland Garros 2000 (PC) ou autres Anna Kournikova (PlayStation). Tiens, d’ailleurs, pourquoi n’a-t-on pas droit au charmant sourire (hum) de la bimbo-joueuse russe ? Si quelqu’un connaît les codes pour débloquer les personnages en mode jupette, un e-mail et plus vite que ça. A bon entendeur…