« Chil… dren ! Chil… dren ! ». Obsédante mélopée que celle de ces deux syllabes dites par Robert Mitchum dans le chef-d’œuvre de Charles Laughton, La nuit du chasseur. Toute la sombre magie de ce film fétiche tient dans la voix hypnotique, à la fois cajolante et menaçante, de ce tueur-prédicateur tatoué sur les phalanges de chaque poing Love & Hate (amour et haine sont les deux pendants d’un même esprit). Ce serait vite oublier que cette adaptation de James Agee et de Charles Laughton est tirée du magnifique roman noir (un conte moral en définitive) de Davis Grubb. Sur fond de crise sociale et politique (la grande dépression des années 30), ce récit est celui de tous les commencements. Variation sur quelques thèmes de la Bible (le pouvoir de séduction du Mal, la génèse du monde, l’accession au Verbe), il restitue remarquablement, dans une langue précise et imagée, le monde de l’enfance. Féérique et terrorisant.
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