Luis Sepulveda témoigne d’une âme profondément enfantine, c’est-à-dire joueuse. Plutôt que de mettre en scène une énième histoire classique de tueur professionnel (contrat-cible-éxecution), il a choisi de se livrer à une parodie du genre. Ses dialogues sont faits pour rire. Ils dévoilent les petits tracas quotidiens inhérents à ce type d’emploi. Cela ne nuit en rien à l’émotion qui se dégage de ces pages acérées où le héros arrivera, tant bien que mal, à remplir sa mission.
Voilà donc présentés six jours de la vie d’un tueur voyageant plus que James Bond et Philéas Fog réunis, passant d’aéroport en aéroport (avec au moins autant de lits à « oreillers » à chaque étape) et de ville en ville avec l’aisance d’un grand voyageur. Et ne laissant aucune trace derrière lui – pas même celle de l’être aimé, pour un temps du moins (la petite a voulu faire sa maline et s’est retrouvée, sans s’y attendre, avec une balle en plein cœur). Un tueur, c’est connu, fait assez peu cas des femmes. C’est une chance. Car elles nuisent souvent à la progression de l’intrigue, quand elles n’entravent pas en prime la bonne conduite d’une affaire. De ce bref récit plein d’humeur (légère au demeurant), avec juste ce qu’il faut de gros mots et surtout sans grands mots, il convenait de saluer la maîtrise exemplaire. Voilà qui est fait.