On savait depuis Mojave, leur précédent album, que Willard Grant Conspiracy, de Boston, était un groupe important. De la race des Lambchop, Will Oldham ou Grandaddy (avec qui ils traînent). Autrement dit, des Américains un peu cinglés.. Et si une fois de plus, avec Everything’s fine, WGC grandit l’auditeur, prévenons d’abord les tout nouveaux arrivants, qu’il ne se révèle que sur la durée, quand le tempo se fait plus lent, donnant sa pleine mesure aux subtilités du guitariste Paul Austin. Car le disque est moins plaisant quand il sonne comme une formation sans grande originalité mélodique, débitant des ballades hillbilly-folkeuses avec une production limite mainstream. Notes from the waiting room déroule ainsi simplement un collier d’arpèges ; Christmas in Nevada, bien qu’entraînante, s’énerve comme du mauvais Springsteen…
Seulement -et heureusement-, il y a cette voix chaude, celle de Robert Fischer, qui donne dans la dignité et touche juste : au cœur. Everything’s fine gagne finalement cette partie sur l’élégance. A la fin de l’album, se succèdent en effet cinq morceaux dont émane un majestueux lyrisme. Ballad of John Parker, avec son banjo malheureux, fait de l’œil à Sixteen Horsepower, The Beautiful song semble tout droit sortir du Rattlesnakes de Lloyd Cole, et Massassuchets (ballade épurée parfaite) ou Southend of a northbound train envoûtent. Willard Grant Conspiracy, avec leur force tranquille et leur sens de la retenue, diffusent un message subtil et impeccable. Sans hit potentiel, ni riffs incontournables, mais à grand renfort de guitares paisibles et chuchotis taiseux, l’album, mine de rien, nous parle. Et on l’écoute.