« Un homme nécessaire qui ne se prend pas au sérieux est doublement admirable » : ainsi parlait Jean-Patrick Manchette dans ses fameuses Chroniques. Cette phrase définit au mieux Pierre Siniac, écrivain rare, anticonformiste notoire, et doué d’une vivacité époustouflante pour mener à bien une intrigue de roman noir. Maniant la langue comme une arme de précision, il sortit très tôt des sentiers mille fois explorés par le genre pour bâtir une œuvre de toute première importance.
La réédition de Femmes blafardes, un livre détournant avec subtilité la forme du thriller, est une occasion de (re)plonger dans cet univers peuplé de maquerelles, de patrons véreux, de salariés victimes d’exactions, et bien sûr de retrouver son « privé », Sylvain Chanfier, looser intégral n’ayant plus grande illusion sur le monde qui l’entour, mais menant jusqu’à son terme une enquête dont il ne sortira pas indemne – à l’égal du lecteur, ce qui est plutôt un signe de bonne santé en littérature.