Comment se rebeller lorsque les lieux qui vous permettaient de vous exprimer sont amenés à disparaître ? Maintenant que les nantis parlent d’une seule voix dans leur monde aseptisé, comment prolonger cette histoire ? A Time Square, le maire de New York a fait le ménage. En toute impunité. Le quartier a été vendu à Dysneyworld. Cette place qui regroupait « les consciences en rupture », est devenue le lieu d’un merchandising outrancier. Règne sans retour du cauchemar climatisé, du rêve falsifié. L’ambition inavouée des industries du loisir étant de maintenir, de manière inique, un semblant d’ordre social. La marge s’est donc restreinte. Les minorités (homosexuelles par exemple) sont aujourd’hui reléguées aux poubelles de l’Histoire, sauf à survivre dans une culture identitaire (dont l’auteur montre les limites) : « …une politique axée sur les particularités de l’individu reflète une réalité de classe plus large et que tout ce qu’elle peut offrir aux minorités qu’elle assimile -noire, féministe ou homosexuelle-, c’est une cage servant à les circonscrire comme sous-cultures spécifiques ». Bruce Benderson trace -en creux-, dans cet essai aux allures de manifeste, le chemin d’une révolte qu’il souhaite permanente. Il aimerait élever quelques consciences contre cette Amérique de services : hégémonique et mortifère. En attendant le retour des temps incendiaires…
Bruce Benderson – Pour un nouvel art dégénéré
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