Dans l’œuvre romanesque prolifique de Louis Calaferte pointent quelques bornes incontournables (Requiem des innocents, Septentrion, La Mécanique des femmes et d’autres). Son théâtre paraît au contraire écrit dans une langue déjà morte. On ne peut le lui reprocher. Quant à ses récits -il s’agit bien de cela avec ce Satori en formules-flèches, tout en violence et en rage incontinente-, ils méritent une attention particulière, car nous avons affaire à une tentative audacieuse : rendre compte du monde, de manière poétique si possible, avec tous les moyens du bord (provocation, obscénité, haine, etc.). Le tout de manière immédiate, sans origine, sans perspective.
Il ne fait aucun doute que Louis Calaferte faisait partie de ces auteurs pour qui l’écriture était une question de vie ou de mort. Souvent très courtes, ces scènes sans lien apparent nous renvoient à ses obsessions majeures : les femmes, le sang, la chair, le suicide. Malgré des pages inégales, son Satori garde notre faveur. Le style s’y suffit à lui-même.