Folie furieuse de la part d’un surdoué du balafon, issu tout droit de la région de Sikasso au sud du Mali. Né en 69, Souleymane Traoré (de son vrai nom) est une référence au Mali. Encensé aussi bien par le public des boîtes de nuit que par celui des fêtes traditionnelles, il joue plus vite que son ombre, sur un balafon basse (le balamba), de gauche à droite (à l’inverse de tout le monde… suprême coquetterie!), et distille, à une vitesse parfois phénoménale, une musique à la fois nerveuse et hypnotique, difficilement classable. Certains parlent de techno africaine, d’autres préfèrent s’arrêter à la notion de traditions renouvelées. Ce qui est sûr, c’est que ça tourne tellement vite que la transe n’est pas loin.
Accompagné par son frère (dans la famille Traoré, le balafon court de père en fils), soutenu dans ses envolées rythmique et acoustique par deux baras (percussions senoufos), un karigan et un titiara, Néba Solo invite le mélomane averti, habitué aux grands classiques du genre, à se lâcher sur une piste de danse. Avec un talent unique qui oublie presque… de nous rappeler le contenu social de ses textes, tout aussi bien servis par une voix qui transpire la transe. Entre deux hommages rendus au Kénédougou natal et à la caste des forgerons, Néba Solo, apôtre d’une nouvelle génération du son malien, s’insurge en effet contre la médisance (Cinporoko nonougoro), appelle à renforcer la solidarité entre les hommes (Nyogo dafa) et sensibilise sur la vaccination… On pourrait -et c’est sûr- vous en dire plus. Mais on vous laisse écouter d’abord.