Le son du taarab tel qu’il est encore pratiqué au pays des zanzibari. Forme musicale intimiste et réservée à la seule cour du Sultan à la fin du siècle dernier, devenue rythme populaire de danse depuis (consacrée lors des célébrations de mariages et lors des grandes fêtes nationales), le taarab, malgré ses origines arabes très marquées (au niveau de l’instrumentation surtout), a pris des couleurs locales dans cette région de l’Afrique orientale, qui vous libèrent de la seule écoute (le mot taarab signifiait au départ « être touché ou transporté par l’écoute ou l’interprétation… » d’une musique sur laquelle on ne dansait pas) pour vous entraîner rapidement sur la piste. Qanun (cithare), oud (luth), ney (flûte), cordes, voix de trémolos romantiques s’allient ici au choeur ouvert (le public y prend régulièrement part dans les concerts), au dumbak, au rika, aux bongos (percussions) et à l’accordéon pour une ambiance qui rappelle de moins en moins l’époque où le Sultan Bargash faisait jouer un de ses sujets, formé au Caire, pour le plaisir de ses seuls invités.
Le taarab est devenu l’une des musiques les plus populaires, sinon la plus populaire, de l’univers zanzibari. On reste toujours transporté par l’allant des cordes, lors du bashraf (morceau instrumental d’ouverture). Mais le répertoire s’est ouvert à la rythmique noire africaine. Avec des textes toujours très poétiques, toujours très romantiques, mais parfois osés, voire obscènes. Ce qui était inconcevable à l’époque où les Sultans faisaient la pluie et le beau temps dans ces îles. La tradition reste en tous cas très vivace et rend souvent hommage à ses cousines arabes, puisque, bien souvent, un bon amateur sur ces îles ne saura pas vous parler de ses préférences musicales sans lâcher une petite référence à la diva du Nil (Oum Koulthoum), considérée comme étant l’une des grandes reines du taarab.