Christopher Rios était né dans le Bronx et dealait du crack avant d’être aveuglé par la sainte lumière du rap -c’est-à-dire, moins de risques et plus de cash. Mais toujours en respectant la Bible, parce qu’il faut pas déconner non plus… Surtout qu’il s’est présenté aux portes du paradis des rappeurs hardcore le 7 février dernier, suite à une crise cardiaque. Pour le coup, c’est moins flashy que de se faire couper en deux par une rafale d’Uzi ou exploser le thorax à coups de fusil à pompe. Niveau street credibility, ça enlève des points au compteur. Yeeeah baby est donc un disque posthume. Big Pun a été lancé par Loud Records et une campagne de pub massive en 1997. Le single I’m not a player, qui lui offrit son billet de sortie hors de l’underground new-yorkais, fut suivi par un premier album, Capital punishment, avec une flopée de guest stars prestigieuses : RZA, Busta Rhymes, B-Real, Wyclef Jean, Kool G Rap, etc.
Rien de très excitant sur ce Yeeeah baby, produit marketing calibré pour les radios East Coast. Comme d’hab’, « fuck » rime avec « suck », « nigga » et « gangsta » sont prononcés deux cent quatre-vingt-quinze fois pour que le client soit sûr qu’il a affaire à un bad boy vrai de vrai. Une petite dose d’humour pointe quand même ici ou là, mais l’ensemble reste assez plat, un comble vu le tour de taille du bonhomme.
Parmi les titres efficaces, Watch those avec un sample tiré de la BO de Starsky & Hutch. We don’t care balance bien et le flow de Big Pun rappelle Cypress Hill. Leather face joue le méchant avec un riff piqué chez Bill Conti (Rocky 2), 100 % est un spécial dédicace au barrio portoricain, Laughing at you, titre plus mélodique, pique le refrain de Don’t you (forget about me), déjà repris à l’époque par Simple Minds (bâillements)… Voilà, Big Punisher aurait très bien pu entamer une honnête carrière de catcheur, vu son goût pour l’esbroufe et les déguisements, mais visiblement il préférait les Knicks…