Foehn est encore un groupe à une seule tête, en l’occurrence celle de Deb Parsons, une jeune femme de Bristol qui a bossé, c’est une indication musicale claire, avec Movietone et Third Eye Foundation. Cette amie de Matt Elliot offre aujourd’hui son second album -le premier, Inside-out eyes, était sorti il y a près de deux ans- sur le label Swarffinger, label discret mais de qualité, qui édite notamment les galettes de Spleen, le super-groupe underground de Rob Ellis (batteur de P.J. Harvey), John Parrish (P.J. Harvey encore), Terry Edwards (Tindersticks, Gallon Drunk) et Ciccotelli (Laïka, Eardrum).
Silent light donne plutôt dans le clair-obscur ; il est composé d’une grosse vingtaine de comptines neurasthéniques, essentiellement basées sur des samples et des sons de guitare retravaillés, parfois accompagnés par un fond de sonorités plus minérales ou des voix (radio, films…). Un travail qui place Deb Parsons à la croisée des chemins entre Third Eye Foundation, Amp et Neotropic. Ca sent un peu la naphtaline, direz-vous. Oui, sans doute, mais cette fille-là s’y entend à merveille pour créer des atmosphères précieuses (Forgotten dreams fade black at me), irréelles (No need to speak), à la limite de l’ésotérique (Insect disco, sorte de ritournelle pour fête foraine de freaks, « The world it has to do with the world… »), voire gothiques (I’d reach across the stars & cry for you). Cependant, si ces petites cacophonies alambiquées ne sont pas nourries de l’esprit festif en vogue à l’heure actuelle, elles invitent clairement à la rêverie éveillée. D’ailleurs, si l’on se calfeutre efficacement chez soi et que l’on écoute en boucle Silent light, on se retrouve plongé dans un état quasi second.
Musique avant tout cérébrale, alors ? Oui, mais ça fait quand même du bien d’avoir entre les oreilles quelque chose qui parle plus à notre intellect qu’à la semelle de nos chaussures. Cet album curieux -et très attachant pourvu que l’on soit un tant soit peu disponible d’esprit- ne fera pas entrer Foehn direct au panthéon des grands créateurs sonores du XXIe siècle. Cependant, à l’écoute de quelques-uns des petits bijoux qui forment Silent light (Race me to the end, Time moves like slow beats, You make me sick), on se dit qu’il serait trop bête de se priver de ce plaisir un brin pervers d’aimer maladivement un disque si résolument en dehors des courants actuels. Quoique à la réflexion il soit, tiens tiens, assez complémentaire de Litte lost soul, le nouvel opus de monsieur Third Eye Foundation, dont on vous reparlera très bientôt.