Bordélique, non réfléchi et totalement stupide, ce premier album de Heavy Q Connection possède l’indéniable qualité d’être radicalement jusqu’au-boutiste dans sa démarche musicale. Basé sur les insondables puits d’inspiration que sont la débilité profonde et l’improvisation non réfléchie, ce magnifique morceau de choix tiré de l’underground nippon reflète combien cette scène peut renfermer en son sein de cas psychologiques extrêmement graves… En effet, le mauvais traitement infligé ici aux instruments irritera certainement plus d’un puriste, vu à quel point telle cacophonie « brut de fonderie » est pénible à avaler. Autant par ses plans et arrangements primaires que par sa production digne du plus malentendant des ingénieurs du son. Heavy Q collection comblera, par contre, tout amateur de musiques à prendre au pénultième degré.
Mais aussi divertissant que puisse, en premier lieu, paraître le phénomène de foire, force est de constater, écoute après écoute, que les procédures désordonnées sont loin de constituer chez ce groupe l’intérêt unique que l’on puisse lui trouver. Certains morceaux, tels Trance akuma ou Robot wars, où toute la démence des quatre musiciens se trouve centralisée pour servir de carburant, offrent une orgie de sons synthétiques qu’aucun esprit sain n’est capable de produire… Certains passages instrumentaux se font plus calmes, et les lancinants Chocolate organ player et Bathroom session montrent une facette intéressante que le groupe n’a malheureusement pas assez dévoilée ici (ce qui ne fut pas le cas lors de leur passage au Batofar le mois dernier).
Dans la lignée des craquages hurlants de Yamatsuka Eye et du sieur Zorn sur l’expérience Nani nani, ou encore des incohérences musicales tirées de la série Super roots des Boredoms, les japonais du Heavy Q constituent donc le versant électronique d’une musique primaire sachant parfaitement marier le kitsch à la sauvagerie extrême. Excessif à souhait, ce petit bijou est donc à réserver aux avertis…