Un nouveau venu dans le petit monde du bidouillage électronique bardé d’influences respectables funk, dub, jazz et easy-listening. En tous cas, ici, elles semblent sincères : citer Billie Holiday et Oui-Oui, John Barry et FFF, c’est citer sa dicothèque sans hypocrisie. D’emblée, ce qui surprend, c’est la qualité du son : normal, Sie est producteur, lui-même auteur d’un album de producteur (pas de chansons, juste du son), Ruban d’alpha, sorti en 1996 sur Pussyfoot. Alors, qu’est-ce que c’est, RouDouDou ? Un pot-pourri groovy assez réussi, parfois vraiment dynamique, et plutôt malin. On y trouve un brin de gaieté (Boboli), une dose de sensualité (Inna slow tempo), pas mal d’humour (Ecoute ce scratch, Ecoutez la guitare), un peu de jazz pour film érotique M6 (Effervescence), une petite guitare entêtante sur Peace and tranquility to earth, quelques bpm de techno arabisante (Funky monkey), une once de virulence bienvenue (Des lettres) et un funk très mauvais, Du monde au balcon, à la FFF justement, avec Yarol Poupaud à la guitare (donc vraiment le pire titre du disque avec le maladroit Trust in me, bien commercialement mis en valeur par la chanteuse Jenny De Vivo).
Plutôt intelligent, souvent percutant, le disque de RouDouDou n’est pas doux comme de la soupline mais par contre est franchement francophile : références aux « Chiffres et aux lettres », à la pop yé-yé, et surtout, surtout, ce génial sample de Jean Rochefort qui déclare, pénétrant : « Toutes ces femmes… Dans l’univers… », suivi d’un sample de Salvador Dali ! Téléscopage jouissif et trop court, c’est pourtant dans ces 54 secondes que RouDouDou excelle, sans Sie aux manettes, qui partout ailleurs « gonfle » le disque de façon parfois un peu douteuse. Bref, un disque réussi comme une plaisanterie de bon goût entre amis.