Quand on jette un premier coup d’oeil au quatrième album de DJ Krush, Milight, on s’étonne : 28 titres ! Et quand on a le courage -et le temps- de s’y intéresser de plus près, on comprend. Pour la moitié, ce n’est pas de la musique, ou presque. En fait, pour saisir quelque chose à cet album déroutant, il ne faut pas oublier que c’est une composition éminemment conceptuelle, avec ce que ça peut avoir de pénible (le côté prise de tête) et de motivant (le côté expérimental). DJ Krush utilise ici le même concept que pour son album précédent : on invite des copains, on les fait parler et on enrobe leur discours de beats parfois envoûtants, de parasites venus d’ailleurs, de grooves fluides ou de gentilles mélodies aériennes. Et DJ Krush a beaucoup de copains : les rappeurs new-yorkais de Tragedy, Deborah Anderson (la nouvelle signature de Mo Wax), la chanteuse de jazz japonaise Eri Ohno, ou encore notre DJ Cam national. Le problème, c’est le deuxième concept, car sur ce disque, on parle du futur, et quand ce n’est pas incompréhensible (voix inintelligible au téléphone, monologues en japonais), c’est à la limite du ridicule. Exemple : « le futur, ça fait peur, c’est normal, c’est imprévisible… » Merci DJ Cam !!!
Alors il faudra se contenter de quelques perles qui, entre d’insipides monologues, se détachent de cet ensemble éclectique : Shin-Sekai, Jugoya, Le temps ou encore le Skin Against Skin, chantée par Deborah Anderson, dont la voix réussit à s’affranchir d’une troublante ressemblance avec celle de Björk. Impression mitigée, donc.
Stéphane Buron