Post global music est un album hommage à David Pajo qui, sans être mort, a su s’assurer une réputation de grand compositeur chicagoan. Ex-Tortoise ou Slint, notamment, il s’administre désormais dans Aerial M et s’amuse en tournée avec Royal Trux. C’est dire si le gars Pajo sait naviguer dans les eaux territoriales intellectuelles du rock. Enfin, du post-rock, et cet album qui offre quatre remixes de l’un de ses titres (Wedding song n°3), n’est pas prêt de lui enlever cette estampille. On se trouve donc après le rock, en dehors mais en dedans. Ca ne veut rien dire, certes, mais c’est pourtant cela : du familier venu d’ailleurs. On pourrait scinder Post global music en deux démarches : la passionnelle et la cérébrale. Et le définir ainsi : l’art de rendre quatre fois intéressante une composition dispensable. Le passionnel serait le titre pop de Flacco (from Unkle) qui, d’entrée, nous chatouille l’oreille avec un beat très loukoumesque mais ferme et nous fait saliver avec des samples du corno fulgur de Goldorak.
Suit le remix le plus court et le plus sensuel des (pourtant) Allemands de Tied + Trickle Trio. Ces derniers insufflent de la chaleur avec un saxophone free jazz qui débarque en fin de parcours. Germany : 3 points. On le repasse en boucle.
Ca se schizophrénise ensuite avec le nippon DJ Your Flood, qui alterne l’easy listening avec le chaos ordonné d’un traitement saccadé de la drum’n bass comme du Roni Size sous Valium. On sent alors la complexité de cette Wedding song qui n’en demande peut-être pas tant. Qu’importe, les remixeurs recréent et récréent nos sens. Comme enfin l’imprononçable remix de Bundy K Brown, d’une limpidité extatique : un mariage en plein ciel entre Mark Hollis et Kraftwerk, pour 18 minutes ambitieuses et tranquilles.
Mais le tout manque singulièrement de passion et contamine l’ensemble qui demande à être écouté avec parcimonie afin d’apprécier les œuvrettes à leur juste valeur.