Spectrum est le premier album de Jega, alias Dylan Nathan, 24 ans, de Manchester, après une série de maxis sur Skam (le label d’Autechre, qui a fait découvrir Boards of Canada). D’emblée, il apparait que l’ensemble s’apparente de très près au travail de Mike Paradinas, alias µ-ziq, patron de Planet µ et ami de Nathan. Si quelques morceaux sont assez efficaces (tel Phalanx, comme du Aphex Twin période Classics), la majorité des compositions est plutôt subtile et aérienne, cinématographique parfois, et toujours plus ou moins lyrique. On pense évidemment à la trilogie Aphex/Autechre/µ-ziq, le travail étant plus poussé sur les mélodies que sur les rythmiques, simples et délicates. Un peu de drum & bass noisy (comme il y a eu, un jour, de la noisy pop), un peu d’électro avec trois bouts d’allumette, et un plaisir certain : il a dû bien s’amuser (Gemini, Bikini ski boat, comme du Add N to X à la plage), un peu de Squarepusher aussi, mineur comme sur Manic minor.
Pour l’instant, en effet, Dylan Nathan est bien un maniaque mineur de la scène électronique, mais ce premier album est très prometteur. A l’intérieur du livret, des schémas d’architecture font allusion à la formation du musicien. Des petites architectures sonores simples, un peu académiques mais bien réalisées et pleines de saveur, il y en a quinze sur ce disque à la pochette problématique : est-elle très belle ou très laide ?