C’est clair, Stock, Hausen & Walkman, les trois joyeux lurons du cut-up sonore, ne seront jamais des stars. Néanmoins, ils jouissent dans le milieu underground d’une solide réputation de bricoleurs fous -et parfois de génie- à tel point, par exemple, que Jarvis Cocker lui-même leur a confié le This is hardcore de Pulp à remixer. Rien que leur nom, à la triple référence, est déjà un casse-tête : Karl-Heinz Stockhausen bien sûr, dont ils sont de fervents admirateurs et avec lequel ils partagent cette volonté de refuser la régularité, donc la prédictibilité, du rythme; Stock, Aitken and Waterman pour l’humour (penser à ces croulants les fait rire !) et le wakman, évidemment, en tant que procédé d’enregistrement.
Sur My bag, leur dernier opus personnel -ce qui ne veut pas dire grand chose, puisque les lascars recyclent à tour de bras sur leurs morceaux, et qu’un titre par eux relifté aboutit à une œuvre entièrement nouvelle-, ils continuent à tracer cet imprévisible sillon sonore, en modifiant, toutefois, quelques variantes. Tout d’abord, leur univers sonore est moins ouvertement loufoque, même si leurs influences et leurs méthodes de composition font toujours autant penser à un cartoon enragé, assez nettement grotesque et obscène. Ensuite, ils ont pris comme matériau des rythmiques rappelant la drum’n’bass, preuve que ce mouvement marque tous les genres musicaux du moment. Samples ou percussions de fortune accélérées façon mauvaise beatbox, tout leur est bon pour évoquer cette mode, et on ne sait plus finalement, si c’est par intérêt ou pour s’en moquer (Cheeky, Cube, Why ?, Put down).
Quelques perles incongrues se sont glissées dans cette caverne d’Ali baba des sons, ne ratez pas Weedy, Farfisa, Schmink, et surtout l’exceptionnel et irrésistible Hoots. Ce disque est fortement déconseillé à quiconque ne possède pas l’esprit d’aventure et une bonne dose d’humour.