L’exercice de la compilation est, on le sait depuis longtemps, une tentative périlleuse et bien souvent vouée à l’échec de par sa définition même. Depuis la compilation best-of des meilleurs titres disco des seventies au pourtant judicieux Musique facile pour gens difficiles qui rassemblait les grands noms du post-rock actuel, on bute toujours contre une certaine incohérence des propos tenus par des musiciens venus d’horizons souvent incompatibles.
La première réussite de cette production est donc d’éviter adroitement cet écueil, et ce malgré le flou relatif qui peut entourer ce titre englobant des musiques totalement diverses, unies vers ce « future sound of jazz ». On avait déjà aimé les cinq premiers opus, modérément ou gentiment, et, c’est certain, on appréciera follement le dernier paru. A la manière des Dance machine, volume 1 à 19, la série s’étire, mais la comparaison s’arrête très vite !
Dès les premières notes du disque on sent que cette esthétique post-jazz et post-electronica sied à merveille à l’ensemble des productions ici présentes. L’alliance des deux pourra produire un son du genre Café Del Mar (José Padilla) comme le Beatless de Vertigo ou le Latin Impressions de Victor Simonelli qui tend vers une revisitation fraîche et ludique du son samba. La légèreté des (ré)interprétations est à noter tout au long des onze titres qui s’enchaînent comme dans une descente douce vers le réel. Les plus belles réussites de cet amalgame génial ? Don’t know de Wai-Chi, sorte d’électronisation antifuturiste d’un trio jazz piano / basse / batterie et surtout le démoniaque Diary of a lost girl de Christian Zimmerman, qui mérite à lui seul le prix d’achat de l’album. Sur une rythmique post-western s’égrène un rythme latino à la sauce Tortoise. Bref tout un programme ! A noter d’ailleurs que la relative non-notoriété des participants ne dessert en aucun moment la qualité musicale de cette vision personnelle et diablement convaincante de ce que le jazz, matériau musical voué aux évolutions les plus diverses, sait déjà produire comme machines musicales de troisième espèce.